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39. Everton (Div. 1): les "Toffeemen" de Liverpool
Everton! Géant du foot anglais, l'autre club de Liverpool. Son antre, c'est Goodison Park, situé à 1500 mètres d'Anfield Road. En 1978, il y a 58000 places à Goodison Park, dont 25000 assises. Il y avait ce petit arc-de-cercle juste derrière les buts, on reconnaissait tout de suite Goodison Park sur les images à la télé le dimanche soir (à 20h sur FR3 avec Michel Dhrey qui nous passait les buts du foot anglais). Quelques moyennes (élevées!) des années 1970:
- 1971-1972: 37217 spectateurs (programme du 22/08/1972)
- Août à décembre 1974: 40753 spectateurs
- Août à décembre 1975: 31373 spectateurs (pourquoi cette baisse?)
- 1976-1977: 30046 spectateurs.
Ci-dessus: un fanion vintage, un superbe badge du club avec la fameuse tour Prince Rupert. Et un badge plus récent de Goodison Park. Sur le badge, on voit la Prince Rupert's Tower, une sorte de poste de police qui date de 1787, où l'on enfermait les voleurs de poules et les fauteurs de trouble du quartier. La maxime "Nil satis nisi optimum" signifie "Seul le meilleur est suffisant". Maxime latine, comme à Arsenal ou Tottenham: ça fait chic. N'oublions pas que ces clubs sont nés au XIXème siècle, où le latin était très présent dans les écoles et universités...
Leur surnom: les "toffeemen", puis les "toffees" (les caramels). Il y avait une fabrique de bonbons dans le quartier...
Everton, un des clubs fondateurs du foot anglais, un grand nom, un monument. Seulement, il y a deux clubs à Liverpool, et comme diraient les Sparks dans leur chanson en 1974 dans leur album Kimono my house: "this town ain't big enough for both of us, and it ain't me who's gonna leave"! (cette ville n'est pas assez grande pour nous deux, et ce n'est pas moi qui partirai!'). A l'aube des années 1970, c'est Everton qui tient la corde: le club vient de remporter le championnat 1969-70 avec 9 points d'avance sur Leeds. En 1970, Everton compte 7 titres de champions et a 3 F.A. Cups dans sa vitrine. Les reds de Liverpool comptent aussi 7 titres (le dernier en 1965-66), et une F.A Cup. Et patatras! Everton va vivre une décennie blanche (aucun titre), tandis que le rival en rouge va se proclamer roi dans le pays, puis en Europe (voir nos articles 30 et 31). Que s'est-il passé? Aucune catastrophe, pas de véritable mauvaise saison, gros public, mais Everton a manqué tous les trains du succès.
Mike LYONS (shoot ! Goal magazine du 5 avril 1975). Défenseur et capitaine d'Everton, formé au club dont il était fan, il apparaît en équipe première en 1971 pour toute la décennie. En fait, il pouvait jouer un peu à tous les postes, si bien qu'il inscrivit 48 buts en 390 matchs avec les Blues. Mais ne jouera pas en équipe nationale.
Mark Higgins (magazine Shoot du 1er avril 1978). Born 1958, c'est un défenseur central assez costaud (1.85 m), formé au club comme Lyons. Il démarre sa carrière pro en 1976. Son ambition personnelle est "d'être heureux".
Dave Thomas (magazine Shoot ! du 19 août 1978). Born 1950, Quel ailier, un vrai! Après avoir joué à Burnley, puis avoir fait partie de la belle équipe de QPR (1972-1977), Le sommet de sa carrière est la saison 1975-1976, mais en 1977 il débarque à Everton où il va délivrer des caviars à Bob Latchford de son aile. Latchford va marquer 30 buts en championnat durant la saison 77-78. Dave va avoir 8 sélections avec l'équipe d'Angleterre au milieu des années 1970. Dave joue sans protège-tibias! Un puriste. Par contre, il ne dit pas grand' chose d'intéressant en interview. Il voudrait comme Mark Higgins "être heureux".
Andy King : "the King rules, ok?" (le roi fait sa loi, d'accord?). Magazine SCOOP du 21 avril 1979. Born 1956 à Luton, Andrew joue milieu de terrain.. C'est à Luton Town qu'il débute sa carrière, mais il débarque à Everton à 20 ans en avril 1976. Il devient vite une des coqueluches de Goodison Park (38 buts en 151 matchs), surtout lorsqu'il marque un but superbe pour la victoire dans le derby de la Mersey contre les Reds en 1978. Fait partie de ces joueurs des années 1970 qui ne furent pas internationaux mais étaient les stars le samedi après-midi sur le terrain.
Extrait du programme de la boutique des supporters d'Everton en 1978. La rosette, c'était 55 pence. Le maillot Umbro: 6,45 livres ("pounds"). Le short: 2,65 livres, et les chaussettes: 1,45 livre
Bob Latchford (en haut sous le maillot de l'équipe d'Angleterre en couverture du magazine FOOTBALL de février 1978, et en bas, avec ses cheveux bouclés et le chouette maillot jaune d'Everton dans le "Shoot!" du 2 septembre 1978. Born 1951 à Birmingham, Robert va jouer 12 fois en équipe d'Angleterre entre 1977 et 1979 (5 buts). C'est le grand attaquant d'Everton dans les années 1970. Il commence sa carrière à Birmingham City (68 buts en 160 matchs) et Everton casse sa tirelire pour l'obtenir en février 1974 (échange contre 2 joueurs plus 80000 livres). Il a alors 23 ans. Bob va se régaler avec Everton. D'un gabarit assez imposant (1.83 m), c'est un joueur néanmoins vif dans la surface, et aussi excellent de la tête. Le parfait poison. Durant sa belle saison 1977-78, il score 30 buts en championnat et empoche un prix de 10000 livres sterling offert par un quotidien anglais. Mais malgré son statut de superstar du championnat anglais, il ne parvint pas à offrir un titre aux Toffees.Néanmoins, il a rejoint Dixie Dean, l'avant-centre mythique de l'avant-guerre (60 buts durant la saison 1927-28!), dans le coeur des Evertonians. N'oublions pas Alan Ball, la superstar du début des années 1970.
Mike PEJIC en action, aux prises avec Steve Powell (Derby County). Photo Shoot! de 1978. . Michael, born 1950, est anglais. Petit gabarit (1.70 m), c'est un arrière latéral qui va faire l'essentiel de sa carrière à Stoke City (274 matchs et 6 buts, une coupe de la League en 1972, et une fracture de la jambe en 1975. Pejic est assez "viril" sur le terrain. Les anglais disent "tough") avant de débarquer à 26 ans à Everton jusqu'en 1979 pour 76 matchs et 2 buts (il va signer à Aston Villa). En 1974, il a 4 sélections pour l'équipe anglaise qui ne jouera pas la coupe du monde en Allemagne de l'ouest, barrée par la Pologne de Gadocha et consorts. En décembre 1978, il se pète encore la jambe contre Leeds. Viril, on vous disait.
En 1973, Henry Catterick quitte le poste d'entraîneur (on dit "manager" là-bas) qu'il occupait depuis 11 ans. Billy Bingham puis Gordon Lee vont lui succéder. Les places d'honneur en championnat sont fréquentes: 4ème en 1974-75 et 1978-79, 3ème en 1977-78, mais un peu comme Manchester City, il y a un plafond de verre...
En 1976-77 par exemple, Everton sort Manchester United puis Bolton Wanderers et affronte Aston Villa en finale de la League Cup à Wembley le 12 mars 1977: 0-0. Match rejoué à Hillsborough le 16 mars: 1-1 (but de Latchford). Troisième match à Old Trafford le 13 avril (si tard!): Aston Villa l'emporte 3-2 après prolongations malgré les buts de Latchford et Lyons. Ils étaient à ça!
Et la même année en FA Cup, Everton retrouve les voisins du Liverpool FC en demi-finale le 23 avril à Maine Road: 2-2! (Mc Kenzie et Rioch pour les Blues). Et en replay le 27 avril au même endroit, les Reds enfoncent les Blues 3-0. Si près, si loin.
Everton va terminer les années 1970 complètement estomaqué par le cheminement des voisins rouges et leurs conquêtes nationales et européennes. Vous connaissez la chanson; ce blog s'arrête au 31 décembre 1979 et ne vous parlera pas de l'après. Mais imaginons qu'un jour à son tour Everton goûte à l'Europe, commence aussi son ascension, et que, cruel destin, ce soit le voisin rouge qui, indirectement, lui interdise d'aller trouver la gloire européenne? Bon, c'est de la science-fiction, non?
Programme du match contre Crystal Palace le 22 août 1972. Le onze d'Everton ce jour-là: 1. David LAWSON - Tommy WRIGHT, Henry NEWTON, Howard KENDALL, Roger KENYON - Mike LYONS, Jimmy HUSBAND, Mike BERNARD - Joe ROYLE, Colin HARVEY, John CONNOLLY
Programme du 14 janvier 1978 contre Aston Villa. Le onze d'Everton: 1. George WOOD - Terry DARRACOTT, Mike PEJIC, Mike LYONS, Mark HIGGINS - Trevor ROSS, Andy KING, Mark DOBSON - Bob LATCHFORD, Duncan Mc KENZIE, Dave THOMAS.
"I've never felt more like singin' the blues
When Everton win and Liverpool lose
Oh, Everton, you've got me singing the Blues"
sur l'air de la chanson de Dave Edmunds (Rockpile)
et:
"Oh we hate Shankly and we hate St-John,
but most of all we hate big Ron
and we'll hang the kopites one by one
on the banks of the royal blue Mersey.
So to hell with Liverpool and rangers too
we'll throw them all in the Mersey
and we'll fight fight fight
with all our might
for the lads in the royal blue jersey"
Les chansons de supporters sont toujours croustillantes! Est-il nécessaire de dire qu'il y a un second degré et que chambrer l'adversaire est un jeu, un plaisir et une institution, qui sont l'essence même du foot anglais, avec ses excès et dérives, on est d'accord. A un moment, la chanson dit: "on pendra les gars du kop un par un sur les rives de la Mersey couleur bleu roi (la couleur d'Everton). Le kop, c'est bien sûr la tribune d'Anfield Road (Liverpool FC). Mais, le "kopite", c'est aussi le représentant de ce kop. Ce que raconte Kevin Keegan dans son livre: "Le kop chantait Kevin Keegan marche sur l'eau. J'avais joué trois matchs quand je fus sacré Roi du kop. C'est le kopite qui descendit sur le terrain, et déposa sur ma tête une couronne rouge et blanche".
Bon, voilà qu'on termine cet article sur Everton par une anecdote à propos des Reds. Blues et reds sont tellement liés...
fulgur29.eklablog.com
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