• 37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Badge métallique de Watford, années '70

    Watford, petite ville juste au Nord-ouest de Londres. Comme Brentford, n'est pas cité comme un club londonien, et pourtant c'est tout comme. Luton Town, 20 kilomètres plus au nord de Watford, est "l'ennemi".

    Les "Hornets" (les frelons) connaissent leurs meilleures années au tout début des années 1970 (18èmes de Division 2 en 1970/71, avant de dégringoler en division 4 jusqu'en 1977-1978 où le club est champion de Division 4.

    Car un petit bonhomme à lunettes est arrivé! Elton John, superstar du Rock depuis le milieu des années 1970 et l'un des plus gros vendeurs de disques au monde. "Captain Fantastic and the brown dirt cowboy" est n°1 des deux côtés de l'Atlantique. En 1976, même son duo avec Kiki Dee ("Don't go breaking my heart") fait un carton à la radio.

    Le p'tit gars de Pinner Hill Road n'a pas oublié que, lorsqu'il était gamin, il accompagnait son père dans Le Virage, la tribune debout de Vicarage Road. Et, lorsqu'il apprend en 1974 que le club est au bord de la faillite, il propose d'abord de faire un  concert dans le stade pour le Watford FC. Le club lui propose de devenir vice-président. Et, à l'été 1976, le président Jim Bonser ("un homme d'affaires local" dit Elton) lui propose carrément d'acheter le club. Ce qu'il fait!

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Chairman Elton John dans la tribune d'honneur de Vicarage Road

    Un chanteur de rock, gay de surcroît, président d'un club de foot, voilà qui n'est pas banal. En avril 1977, il convainc Graham Taylor, 32 ans seulement, de rejoindre le club (Taylor vient de faire monter Lincoln City, article 16 de ce blog). Et Taylor convainc Bertie Mee (Arsenal) de venir le seconder. Il recrute John Barnes (16 ans), Luther Blissett, Nigel Callaghan qui vont devenir des cracks.

    Elton dit dans sa biographie: " Graham a fait enlever la vieille piste de course de lévriers et construire de nouvelles tribunes, avec un endroit dédié aux familles pour que les enfants puissent venir en toute sécurité avec leurs enfants. A Watford, on a été les premiers".

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Elton et l'équipe nationale anglaise

    Elton investit beaucoup d'argent. "J'avais Watford dans le sang. J'étais complètement obsédé, au point de devenir superstitieux. Si le club était dans une bonne passe, je ne me changeais pas et je ne me vidais plus les poches. Après chaque match, je me rendais au club des supporters pour rencontrer les fans. Je tenais à ce qu'ils sachent que je m'intéressais personnellement au club, que sans eux Watford n'était rien. J'organisais d'énormes fêtes à Woodside pour les joueurs, le staff et leur famille. On faisait des foot à 5. J'ai acheté une Aston Martin que j'ai peinte aux couleurs du club: jaune, avec une bande rouge et noir au milieu".

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Luther Blissett (photo Soccer Monthly d'avril 1979). Born 1958 en Jamaïque, attaquant, il joue à Watford dès 1974 et y est encore à la fin de la décennie.

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Ross Jenkins (à gauche) en action durant un match de division 3. Lors de la saison du titre de champion de Division 4 (1977-1978), il est le meilleur buteur du club avec 16 buts 

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Les Rocket Men montent en division 3! (extrait de "Football" d'août 1978)

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Elton John et Sam Ellis (photo Shoot! de 1978). Samuel, born 1946, débute sa carrière à Sheffield Wednesday, puis Mansfield Town et Lincoln City. Il suit l'entraîneur Graham Taylor à Watford en tant que n°5, et prend sa retraite de joueur à l'été 1979 pour démarrer une carrière d'entraîneur comme adjoint de Taylor

    A la fin des années 1970, Elton John est toujours président du Watford FC. Il en a entendu des chants graveleux dans les stades à l'extérieur depuis qu'il a fait son coming out, mais il s'en fiche pas mal. Le club est vice-champion de Division 3 en 1978/1979 et monte en Division 2. Elton a promis, devant son pote Rod Stewart, que son club jouerait un jour la Coupe d'Europe. Y parviendra-t-il? (Ce blog s'arrête au 31 décembre 1979, comme vous le savez)

    Elton dit: "Chaque match de Watford auquel j'ai assisté est gravé dans ma mémoire. Comment oublier le jour où on a éliminé Manchester United alors qu'on était en 3ème division? Deux buts de Blissett, les deux de la tête, et la une des journaux le lendemain, des journaux qui ne parlaient jamais de Watford. Je n'exagère pas: Watford m'a peut-être sauvé la vie".

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Le palmarès 1977-1978, et Watford champion de Division 4 (Elton en médaillon (Shoot! du 26 août 1978)

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    Plan de Watford dans les années 1970. Vicarage Road se trouve en bas à gauche.

    36500 places (et une piste de courses de lévriers autour du terrain jusqu'en 1978!)

    Quelques moyennes:

    Saison 1976-1977: 6035 spectateurs

    Saison 1977-1978: 11348 spectateurs 

    37. Watford (Div. 3): les Rocket men d'Elton John

     

    "Graham Taylor's having a party,

    bring your vodka and bacardi"

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  • 36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Le samedi 3 mai 1975, c'est la seconde finale de Cup londonienne de l'histoire, après celle de 1967 (Spurs 2 - Chelsea 1). Qu'écoute-t-on à la radio en Angleterre cette année-là? En janvier, Status Quo était en tête du hit-parade avec "Down, down", bientôt suivi par "Come up to see me (make me smile)" de Steve Harley and Cockney Rebels. Quand vient la finale, ce sont les gamins des Bay City Rollers qui font chanter le pays avec le bubblegum "Bye bye baby (baby goodbye)", et le groupe Mud avec leur reprise de Buddy Holly: "Ho boy".

    West Ham est le club de l'est de la ville. Fulham, tout à l'ouest, non loin de Chelsea, est un peu la sensation. Club de Division 2, les "Cottagers" arrivent pour la première fois à Wembley après un dur et beau combat contre Birmingham City. Et les Hammers ont aussi eu besoin de deux matchs pour se défaire d'Ipswich Town.

    West Ham va remporter sa deuxième Cup, après celle de 1964 contre Preston North End (3-2). Deux buts d'Alan Taylor (déjà auteur d'un doublé en demi-finale) aux 60è et 64è mn. En face, le légendaire Bobby Moore, âgé de 34 ans, qui avait remporté la Cup de 1964 avec les Hammers. Sur la pelouse, tous les joueurs étaient anglais, à l'exception de l'Irlandais Jimmy Conway.

    West Ham United: Mervyn DAY - John Mc DOWELL, Frank LAMPARD, Billy BONDS (capitaine), Tommy TAYLOR, Kevin LOCK, Billy JENNINGS, Graham PADDON, Alan TAYLOR, Trevor BROOKING, Pat HOLLAND. Remplaçant: Bobby GOULD. Entraîneur: John LYALL

    Fulham FC: Peter MELLOR - John CUTBUSH, John FRASER, Alan MULLERY (capitaine), John LACY, Bobby MOORE, John MITCHELL, Jimmy CONWAY, Viv BUSBY, Alan SLOUGH, Les BARRETT. Remplaçant: Barry LLOYD. Entraîneur: Alec STOCK. 

    Arbitre: Pat PARTRIDGE - 100 000 spectateurs

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Enveloppe "premier jour" de la finale 1975 avec détail du parcours des deux équipes

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Fanion vintage de West Ham vers 1977 et deux insignes métalliques des Cottagers. Il y a une erreur sur le fanion qui indique "ECWC Winners", soit vainqueurs de la coupe des vainqueurs de coupe. Or, en 1976, West Ham allait s'incliner en finale de la coupe des coupes (C2) contre le Royal Sporting Club d'Anderlecht emmené par son virtuose Rensenbrink (2-4), au stade du Heysel à Bruxelles, soit à l'extérieur. Pat Holland ouvrit le score (28è mn) avant l'égalisation de Rensenbrink sur une grosse erreur de Lampard (42è mn). Puis Van der Elst donna l'avantage aux belges. Un pénalty fut refusé à Mc Dowell, mais Robson égalisa à la 68è mn. L'arbitre français Robert Wurtz fit pencher la balance vers Anderlecht en sifflant le pénalty à Rensenbrink sur un tacle licite de Holland (73è mn). Histoire de pénalties. Van der Elst (88è mn) paracheva la victoire d'Anderlecht à la fin d'une finale ébouriffante (grosse ambiance avec les 45000 supporters d'Anderlecht et les 5000 des Hammers). West Ham, vainqueur de la Coupe des Coupes 1965 contre le Munich 1860 (2-0), n'a pu récidiver dans cette belle épreuve.

       La devise latine de Fulham est "Pro civibus et civitate", soit "pour les citoyens et la communauté". Les clubs anglais, nés à la fin du XIXème siècle, sont friands de ces devises en latin...

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Images de la FA Cup Final 1975! (photos "Onze"): en haut , John Mitchell de Fulham (en blanc), à la lutte avec Kevin Lock (West Ham). Photo du bas: Billy Jennings et Pat Holland brandissent la Cup!

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Belle photo du foot dans les airs (elle était punaisée dans la chambre de Little boy). En blanc avec le n°5, c'est John Lacy de Fulham. C'est Billy Jennings (n°8), qui saute plus haut que Tommy Taylor (n°5) et  le n°8 (la photo dit Kevin Lock, mais n'est-ce pas Graham Paddon?) - Photo "Onze"

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Ray Williams, supporter de West Ham, a tatoué la Cup sur son ventre, "avant la finale" assure le livre "Football" de Nick Yapp.

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    La couverture du programme de West Ham édité pour la finale de la Cup 1975 (le château de l'emblème des Hammers est remplacé par la façade de Wembley et ses deux tours. L'hymne des Hammers est:

    "I'm forever blowing bubbles.

    Pretty bubbles in the air.

    They fly so high, nearly reach the sky.

    Then like my dreams they fade and die"

    (A jamais je soufflerai des bulles de savon,

    jolies bulles dans l'air,

    elles volent si haut, et touchent presque le ciel.

    Et, comme mes rêves, fanent et meurent.)

    De son côté, Fulham avait choisi en 1975 un hymne rigolo très hispanique: "Viva el Fulham!":

    "She's a flamenco girl and dancing is her life,

    She said stay with me, said Vive el Fulham"!

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Les joueurs de Fulham figurant sur le programme officiel de la finale. Les Strong ne jouera pas, remplacé par John Cutbush.

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Les joueurs de West Ham prévus pour la finale, d'après le programme officiel. C'est Pat Holland (absent sur le programme) qui jouera, pas Keith Robson.

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Belles photos du programme officiel de la Finale. En demi-finale, Fulham fait un nul 1-1 contre Birmingham City le 5 avril 1975 à Sheffield. Le match est rejoué à Maine Road le 9 avril et Fulham s'impose 1-0 grâce à un but de John Mitchell à la dernière minute de la prolongation (120è mn)

    Le premier match à Hillsborough fut dantesque, dans un stade bouillant et archi-comble, joué à cent à l'heure. Si les supporters de Birmingham étaient plus nombreux, ceux de Fulham occupaient toute une tribune derrière un but, devant lequel Mitchell ouvrit le score d'un tir superbe, (50è mn), dans un grand vacarme. Emmenés par Trevor Francis et Kenny Burns, les Blues égalisèrent par Gallagher (presque étonné de déclencher tant de joie), donnant l'espoir aux "blue noses" (leurs magnifiques supporters) de voir enfin Wembley. Mais Fulham (maillot rayé rouge et noir, short et chaussettes noires ce jour-là), avec Bobby Moore en chef d'orchestre, avait tant de coeur... 1-1 à la fin du match. Et 1-0 à la dernière seconde du replay, par l'inévitable Mitchell au terme d'un cafouillage. Fulham en finale!

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    Craven Cottage, stade de Fulham, Stevenage Road, LONDON S.W. 6 - 42000 places. Un stade posé en bord de Tamise, avec ce bâtiment bizarre posé à un angle du terrain, comme un anachronisme: le pavillon. Métro Putney Bridge, pub historique "the eight bells" sur la route.

    Quelques moyennes de spectateurs pour les "Cottagers" (Division 2 en 1972 et les années suivantes): 

    -10638 spectateurs d'août à décembre 1974

    - 11497 spectateurs en 1975

    - 14589 spectateurs en 1976/1977

    36. F.A. Cup Final 1975: Fulham - West Ham United 0-2

     

    George Best n'a pas joué la finale de la Cup 1975 avec Fulham. Il y arrive à 30 ans pour la saison 1976-1977 (avec Rodney Marsh, le prodige de Manchester City, redoutable fêtard comme lui!) et y jouera 42 matchs (10 buts). Best, Moore (fameux "pistard" lui aussi) et Marsh ne joueront que quelques matchs ensemble. En septembre 1976, 25000 spectateurs se pressent pour le 1er match de Best à domicile cotre Wolverhampton Wanderers.

    La vie nocturne londonienne (Elton John, Rod Stewart and ol' moulties) fait malheureusement replonger Bestie dans l'alcool, son vieux démon. Bientôt sa compagne (Angie Mc Donalds, un top-model américain), lassée de ses frasques, repart aux USA, et la carrière de George Best à Fulham se terminera en flop.

    (superbe photo de "Onze")

    "Come up and see me, make me smile,

    Or do what you want, running wild"

    Steve Harley, n° 1 au hit-parade en mars 1975

     

     

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  • 35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Stamford Bridge, à la fin des années 1970, après la construction de la grande tribune "East Stand". Stade étrange, vieillot, séparé d'un cimetière par une voie ferrée. 60000 places, dont 31500 couvertes. Le Shed end est à droite, et le West Stand au premier plan avec l'entrée "Britannia" qui mène direct à la station de métro "Fulham Broadway". Sous la photo, le billet du match Chelsea-Manchester United du 11 février 1978.

    Quelques moyennes d'affluence à Stamford Bridge:

    août à décembre 1974: 26349 spectateurs (division 1)

    août à décembre 1975: 19495 spectateurs (division 2)

    1976-1977: 30633 spectateurs (division 2)

    Pendant les vacances de février 1978, Little boy, Jimmy et Président Jack, encore lycéens en classe de Terminale, organisent une virée à Londres avec la voiture de Jimmy. La troupe accoste à Plymouth en car-ferry le samedi matin et, après une halte à Stonehenge et réservation d'un hôtel à Paddington, s'en va direct à Chelsea où le match contre Manchester United commence à 15h (kick off 3.pm). Jimmy a du mal à trouver une place pour garer sa bagnole, si bien que lorsqu'ils arrivent à Stamford Bridge, le match vient de commencer. Pire, ils se trompent de tribune et se dirigent vers l'East Stand, monstre de béton. Là, un officiel les invite à passer de l'autre côté du stade, si bien que, guidés par un bobby, ils passent pendant le match derrière les buts, sur la pelouse, juste devant le Shed End, pour rejoindre le West Stand! Inoubliable.

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Fantastique photo du Shed End, la tribune des supporters de Chelsea, avec tous ces gamins à peine teen-agers qui n'ont qu'à tendre le bras pour toucher la pelouse (photo "Onze"?). Au Shed battait le coeur de Chelsea, cette photo remet les choses à leur place et met à mal la mauvaise réputation de l'endroit. Il n'y avait pas que des hooligans dans le Shed, avec son toit comme celui d'un vieux hangar.

    Shed end, heart of the Chelsea FC

    Ils sont 32238 spectateurs ce jour-là au "Bridge". L'ambiance est bruyante, le public plus frondeur qu'à Arsenal par exemple. Même si le stade est ouvert aux quatre vents, les "Chel-sea! Chel-sea!" claquent dans le ciel.

    L'équipe des Blues (remontés de division 2 en début de saison 1977-1978) ce jour là: Peter Bonetti - Gary Locke - Kenny Swain - Ron Harris - Micky Droy - Steve Wicks - Ian Britton - Clive Walker - Ray Wilkins - Steve Finnieston - Tommy Langley

    En face, Manchester United, qui a remporté la FA Cup 1977 contre l'ogre Liverpool, a belle allure (surtout en attaque): Paddy Roche - Jimmy Nicholl - Arthur Albiston - Sammy Mc Illroy - Stewart Houston - Brian Greenhoff - Steve Coppell - Joe Jordan - Stuart Pearson - Lou Macari - Gordon Hill : vous avez lu cette attaque! Incroyable!

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Devant la station de métro Fulham Broadway (sur Fulham Road) un jour de match. En route pour Stamford Bridge, tout proche! (photo Mondial de décembre 1978)

    Sous un ciel sombre et le soir qui tombe, Chelsea mène 1-0 à la pause, but de Clive Walker. La foule chante, répondant aux supporters de Manchester, massés dans la tribune non couverte et battue par le vent. "Come on you Bluuues...". Bientôt, les Red Devils prennent le match à leur compte et passent devant au score, par des buts de Sammy Mc Illroy et Gordon Hill.

    Mais, vers la 80ème mn, Ray Wilkins récupère un ballon. Il est à 30, 35 mètres du but de Roche. Il tire. On appelle cela "une praline", "une mine". Toujours est-il que le ballon s'en va trouer le but de Manchester United. Egalisation, immense clameur dans la froideur du samedi! Le Shed End est en feu, le public va pousser les Blues jusqu'au bout. Score final de ce sacré match: 2-2.

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Le Shed End, toutes écharpes déployées, le 11 février 1978

    Le match est terminé, mais le spectacle, pas tout à fait. Si Jimmy et Président Jack ont vite fait pris la poudre d'escampette, car les supporters de Manchester United sont bruyants et Jimmy craint pour sa bagnole, Little boy est comme un poisson dans l'eau, grisé par l'ambiance. A un kiosque derrière le West Stand, il achète une écharpe bleue et blanche de Chelsea, avec un liseré rouge. Et il la noue autour du coup, pour faire local.

    La sortie des supporters de Manchester est différée, canalisée par des policiers à cheval. Little boy les voit dans la ruelle Brittania et descend vers Fulham Road. Là, des centaines de supporters de Chelsea se sont massés, pour en découdre. "Chel-sea! , Chel-sea!". Voyant que Little boy porte une écharpe des Blues et qu'il est donc des leurs, des supporters le prennent par le bras, si bien qu'il se retrouve pris, bras dessus, bras dessous, dans une chaîne humaine qui barre la route. On entend le sabot des chevaux, les chants des supporters de Manchester United qui se rapprochent. Il va y avoir du grabuge!

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Photomontage de Stamford Bridge, prise du West Stand. Les supporters de Manchester United sont massés à gauche, derrière le but.

    A vrai dire, quand on a 18 ans, tout cela est assez excitant. Mais point trop n'en faut: profitant d'un relâchement, Little boy dégage ses bras et prend la tangente par une petite rue. Jimmy et Président Jack l'attendent près de la voiture, un rien pâlots. Jimmy a hâte de déguerpir. Au loin, les bobbys à cheval ont l'air de parvenir à gérer l'instant. La nuit tombe sur Fulham Road.

    Pour la petite histoire, dans le journal du dimanche matin, ce titre: "five football fans die in crash". Cinq supporters de Chelsea se rendant au match contre Manchester se sont tués le samedi matin dans un accident de la route.

    Little boy a perdu son écharpe de Chelsea un soir dans la rue, 20 ans plus tard...

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Chelsea FC 1978. Ray "fella"* Wilkins est assis sur la pelouse au premier plan. Born 1956, Ray va démarrer sa superbe carrière en 1973 à Chelsea, qu'il quittera en 1979 pour Manchester United (800000 livres). Milieu de terrain et international anglais. Surnommé "Butch", il devient capitaine des Blues à 18 ans sur décision de l'entraîneur Eddie Mc Creadie. La grande classe. Le Chelsea 1977-78 va terminer le championnat 16ème sur 22, et redescendra en Division 2 l'année suivante. Dure fin de décennie pour les Blues, après les glorieuses années 1970-1971.

    * "fella" pour "fellow" (pote, camarade). Expression préférée de Ray Wilkins

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    L'attaquant Tommy Langley en action (photo Mondial 1978). Born 1958, Thomas démarre sa carrière à Chelsea en 1974. Il marquera 40 buts en 142 matchs de championnat avec les Blues au début de sa carrière

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Steve Coppell, born 1955 à Liverpool, demi droit offensif, transféré de Tranmere Rovers à Manchester United en 1975, international anglais. Joueur élégant de la belle équipe de Manchester United de la deuxième partie des années 1970. En dessous, autocollant pour pare-brise!

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Pêle-mêle de Chelsea: rosette, écussons, badges métalliques, autocollant pour voiture, carte de supporters, le tout garanti années 1970!

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Programme du match Chelsea-Manchester City du 5 mai 1978. Nous n'avons pas celui du match contre Manchester United, Little boy étant arrivé en retard au match

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    L'historique gardien de Chelsea, Peter Bonetti, dans le programme du 5 mai 1978. Born 1941 à Putney, Peter va garder les buts de Chelsea de ... 1960 à 1979! 729 matchs! Il fit partie de l'équipe victorieuse de la Cup 1970 contre le grand Leeds, et de la coupe des vainqueurs de coupe 1971 contre le Réal Madrid (1-1, puis 2-1 à Athènes)

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Micky Droy, élu joueur de l'année 1978 par les supporters de Chelsea. Born 1951 à Highbury dans la banlieue nord de Londres, défenseur intraitable, central, Micky va jouer toute la décennie 1970 avec Chelsea, connaissant les relégations en division 2 en 74-75 (remontée en 76-77) puis 78-79

    35. Chelsea FC - Manchester United: 2-2 (11 février 1978)

     

    Comment ça, on ne voit rien? C'est normal, la nuit est tombée. Ce sont les supporters de Manchester United qui quittent Stamford Bridge par Britannia entrance! : "U-ni-ted!, U-ni-ted!"

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  • 34. Birmingham City FC (Div.1): Les "Blues" et les "blue noses"

     

    Badges métalliques de Birmingham City, l'un des trois clubs de la ville (avec Aston Villa et West Bromwich Albion)

    34. Birmingham City FC (Div.1): Les "Blues" et les "blue noses"

     

    Jolie couverture du programme du club  contre Coventry City le 26 décembre 1973 (boxing day). Vous avez vu? C'est inscrit "membre de la première division": une fierté.

    Après Aston Villa, on vient vous causer du Birmingham City FC , un des 3 clubs de la 2ème ville du pays, en plein coeur de l'Angleterre (les Midlands). Le 3ème club de la ville, c'est Bromwich Albion (ne leur dîtes pas qu'ils sont de Birmingham!). Et Wolverhampton au nord est si proche. Les habitants de Birmingham sont appelés "brummies".

    Birmingham City est l'un des clubs historiques de la League, et prend son nom définitif en 1945, après "Birmingham" tout court. Le club vit l'essentiel des saisons en Division 1. Mais entre 1965 et 1972, c'est un tour au purgatoire de la Division 2. D'autant plus triste que le club a été le finaliste historique en coupe des villes de foire (future coupe de l'UEFA) en 1960 (contre Barcelone) et 1961 (contre l'AS Roma après avoir fichu une claque à l'Inter de Milan en demi-finale). C'est pas une blague. Imaginez, moins de deux, ils avaient deux trophées européens dans leur vitrine, plus que n'importe quel club français (fermez la parenthèse).

    Alors, quand le club remonte en Division 1 en 1972, avec sa belle équipe et Trevor Francis en tant que Wonderboy, les "blue noses", soit les "pifs bleus", surnom que se donnent les supporters de Birmingham City, sont aux anges. Et cela va durer toute la décennie, tant que Trevor Francis sera là. Une demie finale de la Cup perdue contre Leeds, des coups d'éclat ici ou là, bonheurs des samedis après-midi...

    Birmingham City aura connu, sans gagner de titres, une belle embellie durant les années 1970. Avec un beau jeu, proche du QPR 1974/1976, du Manchester United 1977/1978 et de quelques autres encore. Sans avoir la puissance des caïds: Liverpool, Leeds, ou l'inspiration fugace de Derby ou Forest.

    Pour rappel, le match contre Aston Villa s'appelle le "second city derby", le derby de la deuxième ville du pays. Et ça chauffe.

    Quelques moyennes de spectateurs à Saint-Andrews, Birmingham B9: 51000 places, dont 9009 assises (très précisément!):

    1974 (août à décembre): 32171 spectateurs

    1975: 27890 spectateurs

    1976-1977: 28338 spectateurs.

    Pas mal, non?

    L'équipe du 26 décembre 1973 contre Coventry City: Gary SPRAKE - Ray MARTIN, Joe GALLAGHER, Garry PENDREY, Roger HYND - John ROBERTS, Kenny BURNS - Trevor FRANCIS, Bob LATCHFORD, Bob HATTON, Paul HENDRIE. Et l'arbitre? D.J Biddle, de Bristol!

     

     

    34. Birmingham City FC (Div.1): Les "Blues" et les "blue noses"

     

    Trevor FRANCIS, le "whizz kid" (l'enfant prodige) des Blues. (photo 1972, issue du Soccer Gift Book 1971-1972). Aussi appelé "the Messiah", fit partie de "The Holy Trinity ("la Sainte Trinité") avec Hatton et Latchford. Born 1954 à Plymouth, il rejoint l'équipe de jeunes de Birmingham City à 15 ans, puis l'équipe fanion en 1970 (à 16 ans!), pour dix saisons durant lesquelles il va faire le bonheur des blues, pour une de leurs plus belles décennies, même si aucun titre ne viendra orner l'armoire aux trophées. Il va y inscrire 118 buts en 280 matchs. 

    "Je ne suis pas certain d'avoir le niveau pour jouer en première division", pensait Trévor. C'est pourquoi s'engager avec Birmingham City, alors de Division 2 en 1970, lui parut le bon choix. Dès la première saison, il plante 15 buts en 22 matchs, dont 4 contre Bolton. Il est surnommé le "nouveau Jimmy Greaves". La saison suivante, les Blues terminent seconds derrière Norwich City et montent en D1. Trevor devient le "superboy" de Saint Andrews qui lui fait fête. Même quand il marque moins (durant la saison 74/75, il retrouve un rythme de croisière en marquant 13 buts en 23 matchs de championnat, culminant à 25 buts en 1977-1978). Les fans diront: en 1976, il marque un but magique contre QPR, oh la la!

    Et, en février  1979, après une pige de Trevor dans le championnat US,  Nottingham Forest l'achète aux Blues pour le premier transfert du championnat anglais à plus d'un million de Livres (pounds). Forest est la sensation de la fin de décennie 70, tout frais champion d'Angleterre à peine issu de Division 2. Trevor Francis est qualifié pour la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions 1979 contre Malmö. Sur une passe de John Robertson, il va donner la coupe à Forest d'une superbe tête. Just Superboy

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    Saison 1971-1972: les Blues de Birmingham remontent en Division 1! Le manager Freddie Goodwin boit le champagne au goulot, l'avant-centre Dave Latchford, plus classe, dans une "cup of tea". C'est de la tête que Dave (en blanc) a marqué le but qui rend certain le retour des Blues dans l'élite (ils finiront 2ème du championnat. Une photo rare et chouette: les supporters de Birmingham City arrivent au stade à Orient, dans la grande banlieue de Londres (le Leyton Stadium) pour le match de la montée. Ce sera la meilleure affluence de l'année à Orient.

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    (Extrait du programme des Blues le 26 décembre 1973): l'écossais Kenny Burns (born 1953) est un défenseur assez costaud, qui va se tourner vers l'attaque, et c'est assez rare vu son gabarit. Après avoir fait ses armes chez les jeunes des Rangers, il débarque à 17 ans chez les Blues, pour une carrière brillante (170 matchs et 45 buts en championnat). Joueur de l'année 1974 des Blues. En 1977, il signe à Nottingham Forest. Purée, d'emblée il va y gagner les League Cup 1978 et 1979, et la Coupe des clubs champions 1979 (l'année suivante, on n'en sait rien: ce blog s'arrête au 31 décembre 1979!)

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    Joe Gallagher (born 1955), grand gaillard d'1m88,  né à Liverpool, ici pris en photo contre Newcastle United le 8 décembre 1973 à St Andrews (25428 spectateurs). Formé à Liverpool, il signe en 1972 à Birmingham City et va passer toute la décennie 1970 chez les Blues en tant que milieu de terrain. (286 matchs, 17 buts). Un accident de bagnole va mettre une parenthèse à sa carrière, mais il revient en 1977 pour tenir la défense avec Kenny Burns et Colin Todd.

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     Bob Latchford contre Newcastle United le 8 décembre 1973! Bob (born 1970 à Birmingham), est un avant-centre puissant (1.83m) qui va jouer de 1968 à 1974 pour les Blues avant de signer à Everton dont il deviendra la star (en 1977-78, il marquera 30 buts en championnat pour les Toffees). Son transfert pour 350000 Livres (pounds) sera un record à l'époque. 68 buts en 160 matchs de championnat avec les Blues, encore mieux avec Everton! Malgré sa grande taille, un vrai renard des surfaces.

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    Lindley Jenkins (born 1954) est un milieu de terrain, ici pris en photo en 1973.. Né à West Bromwich, banlieue de Birmingham, il démarre en 1971 à 18 ans chez les Blues, avec Trevor Francis.. Devient professionnel en 1973, mais ne parvient pas à percer. Il est en photo dans ce programme du club de décembre 1973. Il ne joue que 2 matchs en tant que milieu de terrain avec les Blues, avant d'être transféré à Walsall en 1974 où il échouera aussi. Footballer is (sometimes) a loser's game (le foot est parfois un jeu de perdants).

    En 1973 il dit: "J'étais excité d'avoir été sélectionné dans l'équipe première. Maintenant que je n'en suis plus, vous pouvez être sûr que je mets tout ce que je peux pour revenir. C'est ça le professionnalisme". Comme quoi, vouloir ne suffit pas.

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    Dave Latchford (born 1949 à Birmingham), est un gardien (goal-keeper) qui va jouer de 1966 à 1978 pour les Blues (206 matchs de championnat), avant de s'éteindre à Motherwell en 1978 (sportivement s'entend!).. Il fait son premier match professionnel en 1969, et aura du mal à s'imposer comme gardien n°1 du club. Mais en 1973, il est élu joueur de l'année du Birmingham City FC.

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    L'élégant Tony Want (born 1948  et 1m 73 à la toise) (photo Shoot du 10 juin 1976), un Londonien qui fait ses classes à Tottenham Hotspur avant de faire une belle carrière sous le beau maillot Bleu pingouin Umbro des Blues entre 1972 et 1978 (101 matchs de championnat, 2 buts de défenseur). Il va finir da carrière dans le championnat US. Jolie photo qui illustre bien la joie de vivre à Birmingham City dans les années 1970. Du moins, c'est ce qu'on nous dit.

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    Magazine GOAL du 16 juin 1973:: "Hatton fait taire toutes les critiques". Bob Hatton (born 1974), est un fameux attaquant de Birmingham City (58 buts en 175 matchs de championnat entre 1971 et 1976). Fameux bourlingueur, des Wolves à Carlisle, en passant par Bolton et Northampton. En 1976, il part à Blackpool, et on le verra à Luton, et ce n'est pas fini. En 1975, il marque le but de la victoire contre  Boro  en quart de finale de la Cup, devant 53000 supporters. Les Blues vivaient du bonheur d'un samedi.

    34. Birmingham City FC (Div.1): Les "Blues" et les "blue noses"

     

    Jim Calderwood (born 1955 à Glasgow, 1m75 à la toise)), ici dans un article de Shoot! Spring Special 1979 où il dit "la relégation, ce ne serait pas la fin du monde". Fin des belles années 1970 pour les Blues?. Ecossais bien vite formé à Birmingham City, James (Jim)  va porter la tunique des Blues à partir de 1972 jusqu'à la fin de la décennie (après on ne vous dit pas). Ici on est en 1979 et Birmingham City ne porte plus son joli maillot "pingouin" bleu avec la large raie blanche verticale au milieu, si classe.. 145 matchs de championnat, et 4 buts pour Jim. En 1979, il part à Cambridge United avant d'être attiré par la Hollande......

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    But de Trevor Francis à Saint-Andrews contre Everton (photo Football Handbook 1978). "And the crowd goes mad", dit l'article. Et le public devient dingue. Dingue de Trevor, le "superboy".

    "Super Superboy

    Super Superboy,

    Super Superboy

    Super Trevor Francis...

    Trevor Francis walks on water"

    et sur l'air de "Seasons in the sun", la reprise de Jacques Brel par Terry Jacks en 1975 (on va vous retrouver la pochette du 45 tours):

    " We had joy, we had fun, we had Villa on the run..."


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  • 33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    White Hart Lane ou la Bonbonera à Boca Junior? Ambiance argentine pour l'entrée des Spurs durant la saison 78-79, (photo Soccer Monthly d'avril 1979). "Ossie" Ardilès et Ricardo Villa sont arrivés en août 1978, et Tottenham se met à l'ambiance argentine! Exotic birds and fruits!

    Quand arrivent les années 1970, Tottenham sort d'une très belle décennie qui a vu le club remporter le premier doublé Cup-championnat en Angleterre (en 1961), la première coupe des vainqueurs de coupes anglaise (en 1963 contre l'Atlético Madrid), et 3 FA Cups (1961, 1962, 1967 contre Chelsea 2-1). Hé, 3 FA Cups en 10 ans, c'est du lourd. Certains clubs ont mis 100 ans pour en décrocher une...  Les Spurs sont donc un grand club du pays, une pointure, qui va ajouter 2 League Cups à son palmarès en 1971 (contre Aston Villa) 2-0 et 1973 (contre Norwich City 1-0).

    Le nom "Hotspur" vient d'un personnage d'un pièce de Shakespeare (Henry Percy) paraît-il, un noble qui aimait les combats de coq (et surnommé "Hotspur", quelque chose comme tête brûlée"). D'où cet emblème du club (que certains qualifient de "poule d'eau" plutôt), avec cet éperon de combat à la patte (à l'arrière, regardez bien sur les insignes et écussons), un "spur". Les Spurs ont plusieurs ennemis à Londres, Arsenal bien sûr (si près, si loin), Chelsea aussi (surtout depuis la saison 1974-1975 où les deux clubs se débattaient pour ne pas descendre), et West-Ham, les Hammers de l'est de la ville. Les supporters des Spurs surnomment leur équipe les Lillywhites (les lys blancs) et se qualifient de "Yids" (quelque chose comme les "youpins", pour dénigrer les attaques racistes dont ils font l'objet de la part des supporters de Chelsea surtout, en raison de la présence historique d'une forte communauté juive dans le quartier de Tottenham. Ce qui les rapproche des supporters de l'Ajax d'Amsterdam. Tout cela est bien raconté dans l'excellent bouquin "Hooligan").

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    White Hart Lane, antre des Spurs, 748 High Road, Tottenham N17. Situé au Nord-Est de Londres, deux km environ plus au nord qu'Highbury, fief d'Arsenal, l'ennemi juré (et c'est réciproque!). Le supporter à gauche a l'air d'apprécier modérément la présence du photographe...

    Quelques moyennes de spectateurs à White Hart Lane (52 000 places):

    - 1974 (août à décembre): 24187 spectateurs

    - 1975 (août à décembre): 26253 spectateurs

    - 1976-1977: 30173 spectateurs (relégués en D2)

    Les victoires des Spurs en League Cup vont les ramener sur les chemins de l'Europe (coupe de l'UEFA, dite la C3) avec des pointures comme Steve Perryman et Martin Chivers (pas de photo, désolé). En 1972 ils éliminent le Milan AC en demi-finale et terrassent Wolverhampton Wanderers en finale. Et, en 1974, c'est le Feyenoord Rotterdam qui les bat en finale: 2-2, 0-2. L'entraîneur Bill Nicholson, au club depuis 16 ans, rend alors son tablier. Après un déclin, et une relégation en D2 en 1977, les Spurs remontent en D1 immédiatement avec l'entraîneur Keith Burkinshaw.

      

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    ALLAN MULLERY, capitaine des Spurs, avec la Coupe de l'UEFA, remportée le 17 mai 1972 à domicile contre Wolverhampton Wanderers (1-1, après une victoire 2-1 à l'aller à Molineux. Mullery a marqué le but de la victoire de la tête sur un coup franc de Martin Peters (photo Hutton Getty Picture Collection). Milieu de terrain, born 1941 à Londres, Alan commence sa carrière à Fulham et rejoint les Spurs de 1964 à 1972, avant de terminer sa boucle à Fulham en 1976 (on le reverra avec Fulham lors d'un prochain article sur la FA Cup 1975). 35 capes et 1 but en équipe nationale, et premier joueur anglais expulsé en compétition internationale (en 1968 contre la Yougoslavie)! 312 matchs et 35 buts avec les Spurs.

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    Patrick Anthony JENNINGS, dit "Pat", born 1945 à Newry en Irlande du nord. Little boy se souvient: l'été 1976, adolescent en vacances enchantées près des Mourne mountains, il se rend à Newry proche de la frontière irlandaise. Le poste-frontière venait d'être plastiqué par l'IRA. Il n'en restait que ruines fumantes. La voiture de Mrs O'Hare qui le conduit est arrêtée en rase campagne par l'armée anglaise. Allongés sur le ventre dans un champ sous le soleil de l'été, des soldats qui l'ont en joue, au cas où... Little boy les remarque soudain au milieu des pissenlits et des touffes d'herbe. Brrr. Ambiance (une autre époque, les années '70 et la guerre civile irlandaise, doublée d'affrontements avec l'armée anglaise qui tente de maintenir l'ordre en Ulster. Le "bloody sunday", les six de Birmingham accusés d'avoir posé des bombes dans des pubs en 1975, et Paul Mc Cartney qui écrit une chanson très basique: "Give Ireland back to the Irish"). Fin de la parenthèse sur le conflit irlandais, plaie des îles britanniques dans les années 1970.

     

    Irlandais bien sûr le Pat, ici en 1972 il a des rouflaquettes comme Rory Gallagher (mais pas la chemise à carreaux!). De 1964 à 1977 chez les Spurs! (591 matchs), avant son transfert chez les Gunners (oh! Les dirigeants des Spurs le pensaient en fin de carrière, belle bourde!). Il avait commencé à jouer au football gaélique avant d'être remarqué par Watford (division 4) qui le lança dans le grand bain. 119 sélections pour l'Irlande du Nord. Joueur de l'année 1973 pour les journalistes anglais, et joueur de l'année 1976 pour les joueurs anglais (beaucoup de récompenses de ce genre en Angleterre).

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    ALFIE CONN, born 1952, est un Ecossais. Il démarre sa carrière professionnelle à 16 ans aux Glasgow Rangers (avec lesquels il remporte la Coupe des vainqueurs de  Coupes 1972), avant de rejoindre (de 1974 à 1977) les Spurs; En 1977, il rejoint... le Celtic Glasgow! et devient le premier joueur à avoir joué dans les deux clubs ennemis de Glasgow, l'un protestant, l'autre catholique (le Celtic). Durant la saison 1974-1975 où les Spurs se battent pour éviter la relégation, il devient la coqueluche de White Hart Lane.

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    Le focus de NEIL MC NAB dans le "Shoot!" du 2 septembre 1978! Milieu de terrain écossais d'1m70, born 1957, formé à Greenock Morton, Neil va jouer chez les Spurs de 1974 à 1978 (3 buts en 72 matchs: il joue son premier match à 16 ans!), avant de rejoindre Bolton Wanderers. Il roule en Vauxhall (une voiture qu'on ne trouve qu'au Royaume-Uni), il aime le steak frites et son ambition personnelle, c'est "d'être heureux". Et, quand on lui demande quel est l'adversaire le plus difficile qu'il ait croisé sur un terrain, il répond: "tous les adversaires sont difficiles". Facile. Langue-de-bois, quand tu nous tiens! On n'a pas fini de rire avec Neil, quand il déclare que le plus beau pays qu'il ait visité, c'est l'Ecosse (dont il est originaire), et que la personne qu'il voudrait rencontrer, c'est son fils ou sa fille quand il/elle sera né(e). Enfin, son actrice préférée est Ingrid Bergman. A voir sa moue sur la photo, on aurait dû s'en douter.

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    JIMMY NEIGHBOUR, born 1950, ailier droit anglais, formé sous les couleurs des Spurs de 1966 à 1976 (119 matchs, 8 buts), avant de filer à 26 ans à Norwich City. Il gagne la League Cup 1971 contre Aston Villa (2-0: 2 buts de Chivers). Quelle belle photo, non?

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    Scènes d'avant-match à White Hart Lane vers 1978-1979 (photo "Onze"). Tout le folklore anglais avec le vendeur d'écharpes, d'insignes, de rosettes (vous connaissez les rosettes? C'est bien terminé, les rosettes!). Et le distributeur de l'"Evening News". Little boy, qui aimait aller à Highbury voir des matchs, n'a jamais poussé jusqu'à White Hart Lane. Grand regret. Il avait au mur de sa chambre l'écharpe des Spurs que l'on voit en vente. Il l'a vendue une année à la foire Saint-Michel, comme beaucoup de vestiges de cette époque dorée du foot anglais des seventies.

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    GLENN HODDLE, born 1957, le surdoué. Et l'Angleterre ne sait que faire de ses surdoués. Figure des Spurs à compter de sa première titularisation en 1975 (il marque un but). Elu meilleur joueur du championnat 1979-1980 durant lequel il score 19 buts en 41 matchs. Il est parti pour une grande carrière, jusqu'où ira-t-il? (ce blog s'arrête au 31 décembre 1979, et c'est bien comme ça). En médaillon, Oswaldo Ardilès, bien sûr, un magicien d'1m 69 qui débarque dans le foot anglais, un artiste parmi beaucoup de tâcherons, il faut le dire

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    RICKY VILLA en action lors de la tournée des Spurs en Ecosse avant la saison 1979-1980 (photo du programme du match Tottenham-Boro du 18 août 1979). Villa et Ardilès viennent juste de signer aux Spurs. C'est l'événement de l'été. La photo est prise contre Dundee à Tannadice Park.

    Le 2 juillet 1978 est une grande date: la fédération anglaise de football accepte l'ouverture du marché anglais aux joueurs étrangers! C'est une révolution. Jusqu'alors, seuls écossais, irlandais et gallois y étaient admis. Alors, Birmingham City lorgne sur Tarantini, Ipswich Town sur le néerlandais Mühren. Mais les étrangers hésitent: on paie beaucoup d'impôts en Angleterre (contrairement à l'Espagne ou l'Italie). 

    Tottenham se lance et frappe un grand coup en faisant signer deux des tout récents vainqueurs de la Coupe du monde 1978: les argentins Oswaldo Ardilès (qui rêve de remporter une Cup à Wembley) et Ricardo Villa (remplaçant chez les champions du monde de l'albiceste). Après une intégration difficile, les deux joueurs vont enflammer White Hart Lane. Mais vous n'en saurez pas plus après le 31 décembre 1979, date d'obsolescence programmée de ce blog!

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    Pub de Noël pour la boutique des supporters des Spurs, dans le programme du match Tottenham-Aston Villa du 15 décembre 1979.

     

    33. Tottenham Hotspur (Div. 1): Les Spurs et la tentation argentine

     

    Insigne métallique vintage de Tottenham, avec le coq de combat et son éperon à l'arrière de la patte. Un insigne des hooligans "Stone Island" et un vieux patch à coller ou broder sur les maillots. "Audere est facere" signifie "Oser, c'est faire". Beaucoup de devises latines dans les clubs anglais (à Arsenal: "victoria concordia crescit", un truc comme"de l'harmonie vient la victoire": on est allés chercher la traduction)

    "We are Tottenham (2), Super Tottenham from the Lane"

     

     


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